Démarche

Marionnettiste, je crois en l’imaginaire comme composante fondamentale du réel. La marionnette est pour moi un outil malléable et infini, porteur de la dualité entre la vie et la mort, inhérente à la condition humaine. Animée par le dynamisme de la matière inerte, je conçois aussi bien des objets miniatures que des costumes-dispositifs, à partir de matériaux aussi disparates que des coquilles d’huîtres ou de la mousse d’uréthane. Si je suis naturellement attirée par les éléments bruts de la nature, je nourris aussi une fascination pour les matériaux de synthèse. En opposition à la nature, bien qu’en découlant, ces matières – qui isolent nos maisons et forment de nouveaux continents à la surface des océans – révèlent pour moi un potentiel créatif aussi tangible que symbolique. Il en va de même pour les outils numériques: consciente du contraste marqué entre ma pratique et la technologisation de mon environnement, j’aime dialoguer avec d’autres artistes pour confronter les langages et faire émerger de nouvelles questions. Je trouve en l’accumulation inévitable de ces technologies et de ces rebuts synthétiques un écho avec la thématique de l’envahissement qui m’interpelle particulièrement.

Également musicienne de formation, j’accorde une grande importance aux ambiances sonores. En explorant la sonorité même des objets, j’enrichis leur potentiel émotionnel et narratif, nourrissant le dialogue entre les yeux et les oreilles. C’est à travers une écriture scénique qui prend racine dans l’interaction avec mes marionnettes et le public que j’explore comment les performances peuvent créer des moments de communion. Chaque représentation devient ainsi une occasion de dialogue, transformant l’instant en une expérience collective.


Notice biographique

Laurence Petitpas passe les 18 premières années de sa vie à Sept-Îles, sur la Côte-Nord du Québec. En 2000, elle adopte la ville de Québec comme point d’ancrage. Elle termine en 2017 un programme de théâtre de marionnettes contemporain à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), incluant une session à l’Université nationale de San Martín (Argentine). Avant de se consacrer à la marionnette comme médium principal d’expérimentation, son parcours professionnel et académique chevauche la musique de rue, les arts visuels, l’étude des langues (espagnol et portugais) et le cirque social (en tant qu’instructrice et accompagnatrice au Nunavik et au Brésil). Entre 2017 et 2023, elle produit et réalise sa première création scénique, Mutatis Mutandis!, abordant la porosité entre soi et l’inconnu, s’inspirant librement des créatures abyssales habitant le ciel liquide de notre planète. Le spectacle a fait partie de la programmation officielle du Festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières en 2023, en plus de tourner au Québec et au Canada. Elle devient ensuite co-créatrice de la compagnie de Québec Les Incomplètes pour Soudain les îles, un solo de marionnettes sans paroles pour les tout-petits qui a tourné au Québec et tout récemment en Belgique. En tant que conceptrice et créatrice, elle collabore également avec la Inner Fish Performance Company, Les Sages Fous, Kid Kouna et le Théâtre des petites âmes. Avec son accordéon-piano, elle visite régulièrement les marchés publics et les centres d’hébergement pour personnes âgées. Membre du répertoire culture-éducation, elle anime des ateliers dans les écoles primaires et secondaires, en plus d’élaborer et animer des formations ponctuelles auprès d’organismes culturels comme l’Association québécoise des marionnettistes (AQM) et le Regroupement de pairs des arts indépendants (REPAIRE). Récipiendaire à plusieurs reprises de bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et du Conseil des arts du Canada (CAC), elle effectue en 2024 deux résidences en recherche et développement : l’une au Tokyo Arts and Space (TOKAS) pendant trois mois, l’autre au centre culturel Fossekleiva en Norvège pendant deux mois. Elle développe aujourd’hui une recherche autour du costume et de la marionnette comme prolongements du corps et dispositifs performatifs.

L’araignée – performance pour Arrières-salles avec Baron Lanteigne
Photo Carlos Ste-Marie