Démarche
Marionnettiste, je crois en l’imaginaire comme composante fondamentale du réel. La marionnette est pour moi un outil malléable et infini, porteur de la dualité entre la vie et la mort, inhérente à la condition humaine. Animée par le dynamisme de la matière inerte, je conçois aussi bien des objets miniatures que des costumes-dispositifs, à partir de matériaux aussi disparates que des coquilles d’huîtres ou de la mousse d’uréthane. Si je suis naturellement attirée par les éléments bruts de la nature, je nourris aussi une fascination pour les matériaux de synthèse. En opposition à la nature, bien qu’en découlant, ces matières – qui isolent nos maisons et forment de nouveaux continents à la surface des océans – révèlent pour moi un potentiel créatif aussi tangible que symbolique. Il en va de même pour les outils numériques: consciente du contraste marqué entre ma pratique et la technologisation de mon environnement, j’aime dialoguer avec d’autres artistes pour confronter les langages et faire émerger de nouvelles questions. Je trouve en l’accumulation inévitable de ces technologies et de ces rebuts synthétiques un écho avec la thématique de l’envahissement qui m’interpelle particulièrement.
Également musicienne de formation, j’accorde une grande importance aux ambiances sonores. En explorant la sonorité même des objets, j’enrichis leur potentiel émotionnel et narratif, nourrissant le dialogue entre les yeux et les oreilles. C’est à travers une écriture scénique qui prend racine dans l’interaction avec mes marionnettes et le public que j’explore comment les performances peuvent créer des moments de communion. Chaque représentation devient ainsi une occasion de dialogue, transformant l’instant en une expérience collective.